Vacances au Maroc : les MRE entre devoirs, rêves et manipulations

mre212. Rabat – Juillet 2025
Comme chaque été, les grandes vacances marquent le retour massif ( sauf les dernières années )des Marocains résidant à l’étranger (MRE) dans leur pays d’origine. Cette période, hautement symbolique, est aussi un moment propice à diverses démarches : formalités administratives, entretien des biens familiaux, et participation à des événements culturels ou politiques. Cependant, derrière cette effervescence estivale, une réalité moins reluisante se profile : celle de certaines initiatives associatives opportunistes, déconnectées des véritables besoins des MRE.

Une saison d’événements, mais pour quels objectifs ?
Queluques associations profitent du retour des MRE pour organiser des festivals, forums ou conférences prétendument dédiés à la diaspora. En apparence, ces rendez-vous visent à valoriser la culture marocaine, à renforcer les liens avec le pays d’origine ou à porter la voix des Marocains du monde. Mais dans les coulisses, les motivations ne sont pas toujours aussi nobles.

Certaines structures, souvent créées de manière ponctuelle ou animées par des acteurs à l’agenda personnel, multiplient les événements sans réelle valeur ajoutée. Leurs objectifs ? Profiter de subventions publiques ou d’un soutien institutionnel pour justifier des budgets opaques, sans jamais œuvrer durablement pour les intérêts des MRE. Résultat : un détournement déguisé de fonds publics et une perte de confiance des Marocains du monde.
Les vraies associations, celles qui agissent loin des projecteurs
En parallèle, d’autres associations, plus discrètes mais infiniment plus engagées, travaillent sans relâche tout au long de l’année. Avec des moyens limités, parfois sans aucune aide financière, ces structures accompagnent les MRE dans leurs démarches, défendent leurs droits et leur apportent un appui social ou juridique essentiel.Ces associations sont souvent absentes des grandes scènes estivales, non par manque de volonté, mais par manque d’accès aux circuits de financement dominés par des réseaux d’influence bien établis. Leur engagement réel contraste fortement avec le folklore saisonnier de certains événements à visée politique ou personnelle.
L’absence de représentation : une brèche pour les opportunistes
L’un des problèmes fondamentaux reste l’absence de représentants légitimes et structurés des MRE dans les instances de l’État. Ce vide institutionnel favorise l’émergence de figures autoproclamées qui prétendent parler au nom de la diaspora sans jamais avoir été élues ni mandatées.
Ces « représentants » de circonstance profitent de la confusion pour asseoir leur pouvoir personnel, décrocher des financements et se placer au centre des dispositifs publics, souvent sans rendre de comptes. Pendant ce temps, les vrais défis des MRE – intégration, transferts, droits sociaux, bi-nationalité – demeurent en arrière-plan.
Un appel à concrétiser les discours royaux
Le discours du 6 novembre de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, dans lequel il appelle à une meilleure valorisation des Marocains du monde et à un lien renforcé avec la nation, reste à ce jour insuffisamment traduit en actions concrètes par le gouvernement. Les intentions y sont claires : considérer les MRE comme une richesse nationale, et non comme une manne financière ou une vitrine folklorique.Il est grand temps que les institutions marocaines prennent à bras-le-corps cette question. Il faut établir une réelle cartographie des associations sérieuses, garantir la transparence des financements et mettre en place une représentation légitime des MRE dans les organes décisionnels. Sans cela, les vacances d’été continueront d’être le théâtre d’un double jeu entre engagement apparent et intérêts personnels.
Les Marocains résidant à l’étranger méritent mieux que des événements épisodiques au service de quelques-uns. Ils ont besoin d’une reconnaissance institutionnelle, d’un soutien constant, et surtout d’une politique cohérente et inclusive. C’est à cette condition seulement que les discours pourront enfin se transformer en actes au service du collectif.