Quand un non-Marocain organise un événement pour célébrer l’art marocain : réflexion sur un patrimoine négligé

Le 11 janvier dernier, le Zénith de Paris a accueilli un événement artistique unique en son genre : « 100% Marocain ». Cette soirée, destinée à célébrer l’art marocain, a réuni des artistes de renom issus de la diaspora marocaine pour offrir un moment de partage et de découverte au public. Cependant, cet événement, organisé paradoxalement par un non-Marocain, soulève des questions sur l’implication des acteurs culturels marocains dans la promotion de leur patrimoine à l’étranger.
Une initiative qui souligne des lacunes institutionnelles
Si l’organisation d’un tel événement par une personne non marocaine témoigne de l’universalité et de l’attrait de la culture marocaine, cela met également en lumière une certaine inertie des institutions marocaines. L’absence de soutien du ministère de la Culture pour promouvoir l’art marocain à l’international en tant que patrimoine immatériel est flagrante. Cette carence laisse la responsabilité de maintenir et de partager ce riche héritage aux artistes eux-mêmes, souvent sans subventions ni moyens adéquats.

Une ouverture musicale de qualité
La soirée a débuté avec une prestation remarquable de Mohamed Rissani, un artiste marocain vivant en France. Issu d’un environnement culturel riche, Rissani a su captiver l’audience grâce à sa maîtrise de la guitare et sa voix envoûtante. Ses mélodies, imprégnées d’émotions, ont été chaleureusement applaudies par un public conquis. Malgré l’absence de soutien financier, cet artiste contribue, à sa manière, à la préservation de l’art marocain en France.

Le groupe Nas El Guian, entre héritage et division
Le groupe Nas El Guian Allal a également marqué la soirée avec des chansons emblématiques des années 1970, notamment celles liées à la cause palestinienne. Cependant, la prestation a été teintée d’un arrière-goût amer en raison des différends autour de l’héritage artistique du groupe historique Nas El Ghiwane. Certains participants ont d’ailleurs suggéré la dissolution des différents groupes revendiquant ce nom pour préserver le souvenir d’une époque d’unité au lieu de symboliser des divisions.
Une ambiance festive malgré un public réduit
L’événement a connu une diversité musicale appréciée, mettant en avant plusieurs styles de l’art marocain avec les artistes Tarik Ziani et Mohamed Abdi , ces artistes ont marqué leur participation avec des prestations réussites.
La participation active du public a contribué à créer une ambiance chaleureuse et festive. En clôture, l’artiste chevronnée Najat Aatabou a illuminé la scène avec son répertoire inspiré de la société marocaine, offrant une prestation qui a ravi les spectateurs.
Cependant, le nombre de participants a été inférieur à celui de l’année précédente. Plusieurs raisons ont été avancées par les présents : la multiplication des événements culturels, le coût des billets, et un plateau artistique jugé moins attractif que les éditions précédentes.
Une soirée à double lecture
« 100% Marocain » a été une célébration réussie de l’art marocain, mais elle a également mis en évidence des problématiques structurelles. Si les artistes continuent de porter haut les couleurs de leur culture à l’étranger, il est essentiel que les institutions marocaines, en particulier le ministère de la Culture, prennent conscience de l’importance de leur rôle dans la promotion et la préservation de ce patrimoine. La culture marocaine, riche et diversifiée, mérite un soutien à la hauteur de sa valeur.